La lettre
de change est un écrit par lequel une personne, créancier d'origine,
dénommée tireur, donne à un débiteur, appelé tiré, l'ordre de payer à
l'échéance fixée, une certaine somme à une troisième personne appelée
bénéficiaire ou porteur. La lettre de change est un effet de commerce. Le tribunal de
commerce est donc compétent en cas de litige et le droit
applicable est le Droit cambiaire.
La lettre
de change est utilisée comme moyen de paiement, souvent dans un pays
étranger : par l'intermédiaire des banques, elle permettait dès le Moyen
Âge, de payer dans la monnaie du pays (d'où le nom de lettre de
« change »). Elle est aussi un moyen de crédit par l'escompte. Elle
est donc très utilisée par les commerçants car donnant satisfaction au débiteur
qui paiera à crédit, au créancier qui sera payé immédiatement en ayant recours
à l'escompte, et à l'organisme bancaire qui en
retire des intérêts. Cependant le bordereau de Dailly et l'affacturage empiètent sur le domaine de
la lettre de change.
Les
règles, favorables au porteur de la lettre de change, ont été établies pour
protéger sa fiabilité. Le tiré qui a accepté ne peut refuser de payer le
porteur de bonne foi en soulevant des exceptions (moyens de défense) qu'il
pourrait opposer à son créancier d'origine (le tireur) en invoquant par exemple
des malfaçons, ou une absence de livraison : la lettre de change est donc
inopposable. Elle entraîne aussi une garantie solidaire des signataires. En
effet, en cas de défaillance du tiré, chacun d'entre eux s'est engagé.
Les conditions de validité
La lettre de change est un instrument de crédit (effet
de commerce) qui crée des obligations de nature cambiaire. Le Code de commerce régit
la lettre de change et exige le respect de certaines conditions de fond et de
forme.
Les
conditions de fond
La lettre
de change est un contrat soumis aux conditions générales de validité des
contrats, et aux conditions de fond spécifiques aux lettres de change. La loi
exige la capacité commerciale du souscripteur, et subordonne la validité de la
lettre de change à l'existence d'une provision.
La capacité
commerciale du souscripteur
La lettre
de change est un acte de commerce par la forme qui doit nécessairement
être accompli par un commerçant. Par conséquent, la loi exige la capacité
commerciale du tireur de la lettre de change à peine de nullité. Ainsi, les
lettres de change souscrites par un mineur et par un emprunteur à
l'occasion d'une opération de crédit à la consommation sont nulles.
Toutefois, le principe d'indépendance des signatures retient la validité de
l'engagement des autres souscripteurs, en présence d'un souscripteur incapable.
La
provision de la lettre de change
La
provision est la cause objective de la création de la lettre de change. Elle
fonde le droit de créance du tireur et des porteurs successifs sur le tiré.
La jurisprudence exige
une provision existante à la date de l'échéance de la traite (ce qui explique
que la provision n'est pas une condition de validité, sinon elle serait exigée
dès l'origine) , et le porteur devient propriétaire de la provision à
l'échéance, même lorsque celle-ci n'est pas liquide et exigible, dès lors que
la créance existe en son principe.En revanche, le tiré ne peut être contraint
d'accepter ni de payer à l'échéance lorsque la créance qui forme la provision
n'est pas certaine, liquide et exigible, et la traite est nulle faute de
provision lorsque la créance, qui était exigible lors de l'émission, s'est
éteinte avant l'échéance.
Les
conditions de forme
Le Code de commerce impose
des conditions de forme nécessaire à la validité de la lettre de change, à
peine de nullité de
la traite émise. La nullité résultant de l'omission d'une mention obligatoire
étant d'ordre public, cette
nullité peut être invoquée par tout intéressé et soulevée d'office par le juge.
Cependant la lettre de change qui omet une mention obligatoire est simplement
disqualifiée, et peut faire preuve d'un engagement contractuel entre les
parties, tel un commencement
de preuve par écrit d'un acte sous seing privé de
reconnaissance de dette, voire de cautionnement lorsqu'un aval est apposé.
Les
mentions obligatoires et nécessaires à la validité d'une lettre de change
sont :
·
la
dénomination « lettre de change » ;
·
le mandat
pur et simple de payer une somme déterminée ;
·
le nom du
tiré et du porteur, pourvu qu'il n'y ait aucun risque de confusion ou d'erreur
sur leur identité ;
·
l'indication
de l'échéance et lieu de paiement ;
·
l'indication
de la date et du lieu d'émission ;
·
la
signature du tireur par tous moyens .
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